TITRE ARTICLE : Désarmement, Démobilisation et Réinsertion : Quels enjeux, défis et perspectives à L’Est de la RDC ?
DATE DE PUBLICATION : 2022-03-25
Plus
de trois décennies, l’Est de la République Démocratique du Congo vit au rythme
des guerres et des conflits armés à répétition. Période durant laquelle
l’expression de la mort a atteint son comble au détriment des forces de vie.
Une logique de destruction de la dignité humaine s’est imposée sur les
provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, d’Ituri, de Maniema, de Tanganyika avec un
encaissement exponentiel en perte des vies humaines, avec des fragmentations
excessives des tissus sociaux, avec des viols et violences sexuelles faites aux
femmes, des déplacements massifs des populations, l’enrôlement des enfants dans
les forces et groupes armés, etc.
La
quiétude vitale, la paix sociale et la culture du « bien vivre-ensemble » se
sont vues fortement menacées par - une culture de la haine et de la peur, de la
banalisation du crime et de la mort, de la politique de la destruction des
valeurs humaines et l’effondrement des normes de vie collective -1 . Dans cette
atmosphère d’embarras, d’incertitude et de perdition, plusieurs conséquences
sont visibles sur cet espace Est de la République Démocratique du Congo. Du
point de vue économique, le niveau de vie des populations reste énormément
précaire : chômage massif et pauvreté chronique, manque d’infrastructures
décentes, etc., sont le lot quotidien des populations, et cela malgré la foison
des ressources du sol et du sous-sol disponibles. Sur le plan socio-culturel,
il s’est établi comme une sorte de crise de confiance suite au « sentiment
d’humiliation séculaire semé comme un venin social dans les attitudes »2 des différents groupes éthiques à l’Est de la
République Démocratique du Congo. Sur le plan politique, il s’observe une forte
menace de la souveraineté nationale suite aux différents envahissements qui privent
à la Nation le contrôle de l’entièreté du territoire national
Les
groupes armés se créent en l’interne sur fond de protectionnisme tribal et
ethnique, sur la volonté d’une dictature de certaines tribus et ethnies sur
d’autres avec une logique de construction et de protection de leur pouvoir, et
de leur espace de vie qu’ils jugent être envahi par des « non originaires » de
leurs milieux. L’ethnie est ainsi perçue pour beaucoup comme un « processus de
domination politique, économique ou idéologique d’un groupe sur l’autre »3 .
D’autres groupes armés sont d’origine étrangère. Ils ont trouvé dans l’espace
Est du Congo un lieu fertile de leurs stupidités et ont réussi à y bâtir leurs
bases de déstabilisation tant de la République Démocratique du Congo que de
leurs pays de provenance, notamment le Rwanda pour les FDLR, l’Ouganda pour les
ADF, le Burundi pour les FNL, etc.
Tous
ces groupes tant locaux qu’étrangers, pillent, exploitent clandestinement et
abusivement les richesses minières du pays, les ressources forestières, les
champs, rançonnent les citoyens, et imposent leurs lois sur les espaces sous
leur contrôle. Malgré l’action tant gouvernementale qu’internationale avec la
présence de la Mission onusienne, MONUSCO, le mal demeure profond. Les massacres
de masse sont toujours d’actualité à Beni, en Ituri, à Fizi-Minembwe, etc.
Dans ce nouveau rapport produit par JAMAA Grands Lacs au travers du programme de Recherche action, deux pistes sont explorées à savoir : l’analyse des enjeux et des défis qui entourent spécifiquement cette question de Démobilisation, Désarment et Réinsertion dans la partie Est de la RD Congo, et la proposition des pistes essentielles à oser pour faire de ces initiatives DDR des véritables possibilités d’émergence d’une paix heureuse et durable dans une dynamique d’inter-fécondation et d’inter-enrichissement entre diverses ethnies et tribus de l’Est. Il ne s’agit pas seulement d’un rapport démonstratif des ressorts et des engrainages de la machine du mal de l’Est de la RDC, c’est surtout aussi, une proposition d’ouverture à d’autres champs de possibilités, à d’autres énergies du bien et à d’autres sphères de sens dans la joie d’un vivre-ensemble harmonieux. Il s’agir d’entrer dans un processus d’opposition aux forces de destruction de la dignité humaine à l’Est du Congo, l’élan de la célébration de l’humain, tout en sachant, comme dirait Camus, qu’il y a dans l’homme plus de choses à admirer que de choses à mépriser.
Série : Rapport