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Le paysage évolutif de la violence du XXIe siècle est marqué par l’absence de processus politiques permettant de mettre fin à des conflits de plus en plus complexes, impliquant des groupes armés non étatiques de plus en plus fragmentés, des réseaux criminels transnationaux ainsi que de l’extrémisme. Le DDR s’est adapté en cours de route comme une réponse internationale parmi d’autres à ces défis et en fonction des agendas mondiaux de paix, de sécurité et de développement. Outil largement technique des accords de paix nationaux à la fin des années 1980 et dans les années 1990, le DDR est devenu un élément fondamental des opérations de maintien de la paix dans le monde entier et constitue désormais un processus de longue date à part entière, bien que quelque peu disparate. Le DDR se joue aux niveaux local, national ou régional, se déploie sous différentes formes et est le plus souvent découplé des processus politiques plus larges (Michel Thill, 2021).

En outre, depuis le 11 septembre 2001, le DDR est l’exemple par excellence du lien entre sécurité et développement. En effet, aujourd’hui, le DDR est généralement considéré comme un processus à durée indéterminée intégré dans un « programme plus large de redressement et de stabilité » (World Bank, United Nations Peacekeeping Operations, and Social Science Research Council 2018, 4 ; UN Disarmament, Demobilization and Reintegration Resource Center 2020). Dans cette lecture, le désarmement, la démobilisation et la réintégration des combattants dans les forces de sécurité nationales ou dans la société doivent être le pont qui relie la sécurité et le développement. Le DDR n’est donc pas seulement destiné à réduire le potentiel de violence, mais, idéalement, il sert aussi de tremplin aux anciens combattants pour qu’ils deviennent des membres productifs de leur communauté.

Cela dit, les décideurs politiques, les praticiens et les universitaires s’accordent à dire que la réintégration des anciens combattants dans la communauté est à la fois le maillon le plus faible du DDR et le plus important pour sa réussite. Dans les évaluations et les études, le piètre bilan de la réintégration est remarquable. Certaines études se demandent à quoi ressemblerait exactement une réintégration réussie et de quelle façon elle pourrait être mesurée. Comment les anciens combattants peuvent-ils se réintégrer, dans quoi, et pourquoi ? D’autres déplorent que, malgré les progrès de la réflexion sur le DDR, dans la pratique, les outils restent largement techniques sans prendre en compte le politique. D’autres encore plaident pour que le DDR soit intégré encore plus systématiquement dans les interventions de développement et de construction de l’État. Pourtant, en faisant du DDR une affaire de réintégration, il devient de plus en plus difficile de définir où commence et où finit le DDR. Cette situation est problématique, étant donné que les universitaires et les praticiens s’accordent à dire que la réussite du DDR, et de la réintégration en particulier, exige que les politiques et les programmes s’appuient sur des connaissances contextuelles, précises et locales (Geenen 2007 ; Lamb 2012 ; McMullin 2013 ; Muggah 2014 ; Muggah et O’Donnell 2015 ; Perazzone 2016 ; Richards 2016 ; Sharif 2018 ; Tegenbos et Vlassenroot 2018, 16 ; Vogel et Musamba 2016).

C’est dans cette optique de contextualisation pour l’appui à la mise en place de l’approche de réintégration à base communautaire (CBR), de plus en plus centré sur la communauté accueillante que sur l’individu (l’ex-combattant) que ce programme est mise au point. Il est centré sur la recherche et sur la sensibilisation des communautés, et des groupes armés actifs pour rejoindre le processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion en vue d’une paix durable.


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