La ville de Goma reçoit une mention spéciale pour le programme de l’université citoyenne en RDC de JAMAA Grands Lacs
DATE DE LA PUBLICATION : 2023-11-08
Le 08 Novembre 2023 la ville de Goma, en République démocratique du Congo, a reçu une mention spéciale du jury de l'Observatoire International de la Démocratie Participative OIDP pour l'expérience précieuse du Programme de l'Université citoyenne en RDC de l'organisation JAMAA Grands Lacs.
Après des décennies d’exclusion de la femme à une participation effective à la vie des nations, après des décennies de violences et de violation grave des droits humains, après des décennies de construction d’une culture d’infériorisation de la femme et d’atteinte à sa dignité et à ses libertés, le besoin de s’engager en faveur des droits et de l’éducation de la femme s’est posé en une nécessité. Les trois décennies de conflits armés que vient de connaitre la RD Congo ont entraîné la mort de plus de 12 millions de civils et, selon les estimations, plus d'un million de femmes auraient été violées.
Aussi, bien que les articles 5, 14 et 15 de la constitution de la RDC établissent une base juridique pour les politiques d'égalité et d'équité, les femmes n'occupent actuellement que 7,2% des postes au plus haut niveau de la prise de décision au niveau national, au parlement et au gouvernement. En RDC, près de 52% des femmes sont des survivantes de violences domestiques et 39% des femmes congolaises ont déclaré avoir été menacées ou blessées, 27% des femmes en RDC sont victimes de pratiques traditionnelles néfastes. Les mariages précoces sont fréquents. Très peu de femmes congolaises ont accès à des emplois décents et, en général, les femmes et les filles ont moins accès à l'éducation que les hommes et les garçons, ainsi que des taux d'analphabétisme plus élevés (les statistiques de l’ONU Femme). Tout cela impacte négativement sur le niveau d’engagement des femmes et encore plus des jeunes femmes.
C’est ainsi que le programme de l’université citoyenne en République Démocratique du Congo a vu le jour depuis le début de l’année 2022, sur fond d’un besoin d’offrir aux jeunes en général et plus particulièrement aux jeunes femmes, un espace de débat citoyen de qualité pour un engagement social, politique et économique salvateur. Ce programme s’est donné pour objectif d’outiller les jeunes et particulièrement des jeunes femmes en compétences nécessaires pour élever leur niveau de participation politique dans le pays, tout en contribuant à la construction de leur autonomie économique.
Pour atteindre son objectif,
le programme a développé quelques approches
méthodologiques, parmi
lesquelles :
c) L’éducation engageante en permanence : Les séances de travail se fond
hebdomadairement, avec un (e) invité(e) issues de la sphère politique, sociale
et/ou économique. A notre deuxième cohorte, nous sommes en train d’aller vers
plus de 1000 bénéficiaires en ce jour avec des effets contagions positifs. La
stratégie derrière étant de mettre en disposition des anciens un peu de moyen
pour aller former (retransmettre) ce qu’ils ont reçu à leur tours auprès
d’autres jeunes dans des écoles et des Universités.
b) Le dialogue expérientiel : Cette méthodologie se fonde
sur une approche dialogique sur fond d’expériences des ainés (seniors) ayant
construit une sorte de crédibilité dans la sphère sociale, politique et/ou
économique avec les juniors (jeunes) participants aux séances de travail de
l’Université citoyenne en RDC. Ce dialogue intergénérationnel crée un sentiment
de confiance, de rapprochement entre les décideurs et la population, et abouti
finalement à un élan de débloquement de la volonté de s’engager pour participer
à la vie publique dans le chef des bénéficiaires du programme.
a) La pédagogie curative : Cette pédagogie est axée sur une approche socio-thérapeutique, où les participants se découvrent dans leur vulnérabilité, dans leur frustration existentielle à partir de la rencontre des autres dans leurs propres réalités de vie. L’idée derrière est de délier les chaines, les conditionnements qui tiennent à partir de l’intérieur des participants aux séances de travail pour qu’ils regagnent leur sphère de liberté de pensée, d’action et d’engagement sociopolitique. Le travail se joue à la fois au niveau mental et émotionnel.
Pour Mme Linda Bisimwa, membre de JAMAA Grands Lacs ayant représenté l’organisation, « la réception de cette mention spéciale de l’Observatoire Internationale de la Démocratie Participative/OIDP octroyé à la ville de Goma à travers ce programme est à la fois un encouragement et une invitation à faire plus à tous ces jeunes volontaires qui travaillent d’arrache-pied pour que ce programme se pérennise en continuant d’avoir un impact positif le plus largement possible ».
Signalons que le 17ème prix Bonne Pratique en Participation Citoyenne était décerné au Brésil, dans la ville de Rio de Janeiro par les responsables de l’OIDP qui est un réseau international ouvert à toutes les villes, organisations et centres de recherche souhaitant connaître, échanger et mettre en œuvre des expériences en matière démocratique participative au niveau local.