BLOG



Le calvaire des déplacés internes victimes de la guerre au Kivu en RDC

DATE DE LA PUBLICATION : 2023-11-14



Au Nord-Kivu, ce mardi 14 novembre 2023 l’organisation JAMAA Grands Lacs a rendu visite aux déplacés de guerre dans les camps de Kanyaruchinya et de Kahembe en territoire de Nyiragongo, ainsi que Don Bosco en ville de Goma dans le cadre d’une analyse de la situation humanitaire des déplacés. 

Après avoir fui les violences dans différents villages des territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, ces derniers mènent une vie critique au sein des camps de déplacés. La plupart sont des enfants et des femmes. "Après nos interventions passées en assistance de première urgence aux enfants, aux femmes allaitantes et aux vieillards dans le camp de Kanyaruchinya, nous sommes venus nous imprégner de la situation des déplacés encore une fois, les écouter pour voir ce que nous pouvons faire à notre niveau avec des actions ayant un impact sur le long terme" explique monsieur Héritier MUMBERE le Directeur de JAMAA Grands Lacs au président du camp Don Bosco Ngangi. 

Dans ces camps visités, c’est la souffrance qui se lit sur les visages de ces congolais qui disent fuir la guerre pour venir essuyer encore une fois la pire des souffrances. 

Dans le camp de Kanyaruchinya par exemple, l'organisation a rencontré des familles qui vivent dans des conditions d’une extrême précarité, avec le manque de vivres et non vivres, le non accès aux installations hygiéniques, à l'éducation pour les enfants déplacés, et aux soins de santé de première nécessité. Les cas de violences sexuelles faites aux femmes et jeunes filles lorsqu'elles partent chercher les bois de chauffe en dehors du camp, dans le parc de Virunga, notamment, deviennent récurrents toutes les fois où elles s'y rendent. 

L'une des femmes victimes raconte : “J'étais enceinte quand j'ai fui Rumangabo avec mes deux enfants, depuis Septembre 2022. Je n'ai pas les nouvelles de mon mari, je ne sais pas s'il est encore vivant, pour survivre je partais à la recherche des bois dans le parc, à force d'y être violé, d'autres femmes et moi avions décidé de rester immobiles ici dans le camp, mais la vie difficile dans ce camp ne nous permet pas d'éviter ce danger, nous sommes obligées d'y retourner pour que nos enfants ne meurent pas de faim" explique Ndina Marceline, une mère déplacée de 3 enfants. 

Alice Bategezi, une jeune fille âgée de 20 ans, handicapée de son état, a perdu ses deux parents dans la guerre du M23 á Jomba dans le territoire de Rutshuru et vit avec sa tante maternelle dans le camp. " Je suis handicapée et orpheline, pour ne pas mourir de faim, ma tante maternelle se rend dans le parc pour trouver des légumes et bois de chauffe. Nous jeunes filles souffrons beaucoup ici, pas de serviette hygiénique, pas d'accès aux soins en cas d'infections vaginales, pas de service d’écoute en cas des viols et violences." Visage mouillant de larmes, elle ajoute tristement, avec une voix bégayante "Je peux souhaiter apprendre á coudre les habits, ou tresser les nattes pour voir si je peux me procurer la lotion et/ou du savon " 

L'organisation a également rencontré les déplacés du camp de Don Bosco Ngangi en ville de Goma, les enfants n'accèdent pas aux cours, tout le monde crie " Famine", des toilettes sont déjà pleines, avec 24.758 déplacés, certains sont déjà victimes des maladies hydriques. 

"Je viens de passer plus d'un an dans ce camp, je n'ai pas d'activité génératrice des revenus, si on ne nous donne pas à manger c'est fini, les portes des toilettes sont déjà fermées vu qu’elles sont pleines, et même si tu manges, tu vas aller te soulager où ??" se lamente Mme Nzabonipa. 

Après avoir écouté quelques déplacés, le président du camp de Don Bosco Ngangi a expliqué la situation en termes des besoins ces derniers temps. "Après recensement vers fin Août nous avons enregistré 4000 ménages avec 24.758 déplacés, les besoins urgents sont les vivres,  les toilettes sont déjà pleines et les jeunes passent des journées dans les rues par manque de quoi entreprendre. " explique Justin, le numéro 1 du camp. 

Après cette visite dans les camps de déplacés Kanyaruchinya et Don Bosco Ngangi, et compte tenue de la recrudescence des cas de violences sexuelles faîtes aux femmes et jeunes filles en dehors des camps, l'organisation JAMAA Grands Lacs a conclu que les déplacés ont besoin des vivres, des soins de santé adéquats, d’occupation aux femmes survivantes des violences sexuelles, ainsi que des séances de sensibilisation sur les harcèlements, les Violences Basées sur le Genre et l'hygiène menstruelle. 

Signalons que l’ONU a indiqué lundi 30 octobre dernier un nombre record de 6,9 millions de personnes actuellement déplacées à l'intérieur de la République Démocratique du Congo, en raison notamment du regain de violences à l'Est du pays. Un nombre élevé jamais enregistré depuis ces trois décennies de violences dans la zone Est. 

Abonnez-vous à notre NEWSLETTER