Notre contribution à la première édition de Lomé Peace and Security Forum
DATE DE LA PUBLICATION : 2023-10-21
Du 21 au 22 octobre 2023 la capitale togolaise avait accueilli la
première édition de « Lomé Peace and Security Forum ». Nous avons eu
le plaisir d’y être représenter par notre Directeur Exécutif Monsieur Mumbere
Sivihwa, qui y avait porté la voix de la jeunesse, partant de l’expérience de
notre engagement avec les jeunes et les femmes en faveur de la question de la
paix et la gouvernance démocratique en Afrique centrale. Cette première édition
avait pour thème « Comment renforcer les transitions politiques vers une
gouvernance démocratique en Afrique ? »
Comme toujours l’Afrique avec son histoire, son sens de l'innovation et
sa jeunesse, contribue à consolider le rôle du continent au sein de la
communauté internationale. Néanmoins l’instabilité politique qui prévaut dans
plusieurs pays africains témoigne d’un malaise profond aux causes multiformes.
De nature politique, les élus par le peuple ne remplissent pas leur mission
régalienne de transformer les besoins de la population en action politique
concrète. D’ordre économique, les indicateurs en termes de développement et de
bien-être ressortent affaiblis des instabilités de la dernière décennie.
Le niveau élevé de conflit, les lacunes en matière de gouvernance, la
fragilité des institutions, l'exploitation des systèmes financiers et
l’appropriation des conflits locaux par des groupes idéologiques, posent une
menace sans précédent sur tout le continent.
La crédibilité des institutions étatiques est remise en question et le
contrat social mis à mal, les fragilités dans les sphères politiques,
économiques et sécuritaires sont exacerbées. Dans la crise qui en résulte, la
manipulation constitutionnelle ou la prise de pouvoir militaire remplacent les
processus démocratiques et transparents. La phase de transition politique qui
en résulte est caractérisée par une période intermédiaire entre deux régimes,
mais le processus démocratique en est-il détourné pour autant ? Il apparait
que, dans de nombreux contextes, le pouvoir politique est de-facto
de-institutionnalisé au bénéfice de la phase de transition politique En
évaluant ces événements, la communauté internationale est-elle capable de faire
face à la crise immédiate à laquelle elle est confrontée et de s'engager à
promouvoir une gouvernance démocratique ? Il ne faut pas sous-estimer l'impact
du développement rapide de l'extrémisme violent, qui complique davantage les
voies des États vers une démocratie pacifique.
La communauté internationale dans son ensemble peine à trouver des
solutions intégrées à ces défis sécuritaires et à trouver les ressources
nécessaires pour contrer ces menaces. Les réactions occidentalo-centrées se
limitent à une condamnation catégorique, en négligeant les causes et la
frustration de l'impasse de la politique, qui limite sa réponse à des résultats
superficiels plutôt que comprendre les transformations nécessaires.
Analyser les raisons politiques et économiques qui ont conduit à
l'effondrement du processus démocratique, ouvre des espaces de réflexion et
permet de formuler des recommandations, sans cautionner pour autant la prise de
pouvoir par la force. Le processus électoral et le renforcement des capacités
des institutions sont indéniablement importants, ils deviennent toutefois
inefficaces si toute la phase de la transition politique n’est pas correctement
affrontée. La réponse institutionnelle doit dépasser les clivages personnels, claniques
et des lobbies et exige une clarté éthique : l'alternance dans la gouvernance
des affaires publiques (res publica) est signe de respect de la volonté du
peuple et pas une débâcle pour les perdants. Le défi à relever aujourd'hui est
de contribuer aux efforts visant à instaurer durablement la paix et la
stabilité sur l'ensemble du continent.
Ainsi, l'organisation du Forum de Lomé pour la paix et la sécurité avait
pour ambition de développer un nouveau prisme de lecture du contexte africain
par les acteurs du continent, à tous les niveaux de gouvernance.
Cette initiative s’est avérée être unique en raison de sa focalisation
sur l'Afrique, de son format multilatéral et de l'accent mis sur le dialogue,
la transition démocratique, la médiation, l'innovation et l'engagement des
jeunes. Ces caractéristiques ont contribués à en faire un forum important pour
façonner le discours africain sur la transition démocratique, les conflits, le
dialogue politique et la sécurité.
Les transitions politiques vers la gouvernance démocratique en Afrique
doivent être guidées par un engagement visant à promouvoir le bien-être des
citoyens et à veiller à ce qu'ils puissent vivre dans la paix, la prospérité et
la sécurité. Cela nécessite un effort soutenu et coordonné de la part des
gouvernements africains, des organisations internationales, des groupes de la
société civile et d'autres parties prenantes pour relever les défis complexes
auxquels le continent est confronté.
« Le présent forum se veut être une
opportunité d'échanges éclairés et de réflexions partagées sur la nécessaire
appropriation endogène de notre démarche collective de consolidation
démocratique. C'est un espace propice à l'éclosion de propositions de
pertinence audacieuse et de réalisme », a déclaré Madame le premier
ministre Victoire Tomegah Sidémého Dogbé dans de son discours d'ouverture du
Forum.