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La Réintégration à Base communautaire (CBR) dans les territoires de Masisi et Rutshuru pour l’appui à la consolidation de la paix.

DATE DE LA PUBLICATION : 2022-11-01



L’activité de lancement du projet Bilalo Byetu a eu lieu le vendredi 04 Novembre 2022 à partir de 11h00 dans la salle de conférence de la chefferie de Bashali en territoire de Masisi, province du Nord-Kivu. Dans son ensemble l’activité a réuni 31 participants parmi eux les leaders communautaires, les notables, les autorités politico-administratives, les ex-combattants, les acteurs de la société civile, les membres du Barza intercommunautaire, les leaders religieux, les femmes victimes des violences du territoire de Rutshuru et Masisi en province du Nord-Kivu dans l’objectif de discuter et mettre en lumière les perspectives du projet Bilalo Byetu.

Le Secrétaire administratif de la chefferie de Bashali a ouvert la séance de travail en rappelant la nécessité de mettre en valeur le moment d’échange entre les participants et les acteurs du projet en vue d’aboutir à des résultats réels d’appui à la cohabitation sociale positive dans les territoires de Masisi et Rutshuru. S’en ai ainsi suivi un échange avec les participants sur les obstacles au processus de paix dans le territoire de Masisi, les obstacles à la cessation des violences communautaires et la découverte de possibilités locales disponibles pouvant contribuer à l’intégration à base communautaire des combattants actifs au sein des groupes armés locaux.

Pour certains participants ce qui est à la base de la persistance des violences communautaires dans ces deux territoires c’est la culture des préjugés et stéréotypes entre les communautés de la zone, en occurrence des Hunde, Hutu, et Titsi. Les actes qui sont commis par certains individus d’une manière isolé et indépendante sont malheureusement souvent généralisés sur les communautés entières où ces individus sont issus. Ce qui débouche dans la majeure partie des cas à des tensions entre communautés et abouti à des violences incontrôlées avec la création et l’entretien des groupes armés associé aux tribus. Ceci contribue à la brisure de la confiance entre ces communautés tout en instaurant un climat d’insécurité et d’incertitude. Faisant ainsi de l’autre un éternel suspect. A cela s’ajoute la divergence et la collision des intérêts des populations du milieu. Du choc des intérêts des uns et des autres la violence armée devient l’option privilégiés pour se venger, anéantir l’autre, tout espérant défendre ses propres intérêts vis-à-vis de l’autre individu ou communauté. Les jeunes générations sont ainsi mobilisées et emportées en se constituant en milices armés dans l’espoir d’être des gardiens légitimes de leurs communautés, de leurs terres en danger de spoliation, de leurs bétails en risque de décapitation et de leur exclusion dans la gestion du pouvoir.

La crise des modèles hors des visages des seigneurs des guerres qui gagnent et réussissent leurs vies dans la brousse est l’un des facteurs qui occasionnent l’adhésion des jeunes dans des groupes armés et assure la pérennisation de ces derniers, a-t-il estimé Mr Christophe Mutaka, un notable de la zone et éducateur social de JAMAA Grands Lacs. A la question de savoir pourquoi certains jeunes ne veulent pas sortir des groupes armés, les participants évoquent premièrement l’aspect sécuritaire qui n’est toujours pas rassurant, ce qui fait que ces jeunes se voient en protecteurs de leurs communautés, deuxièmement, le chômage et la paupérisation globalisée en milieu des jeunes, faisant observer ainsi une absence de garantie d’une vie civile prometteuse, et troisièmement, la difficulté d’intégration réelle au sein de la communauté compte tenu du regard malveillant des populations dont sont issus ces prétendants démobilisés.

Pour les participants ce problème persiste depuis plus de deux décennies suite à un manque d’espaces permanents, sûrs et indépendants de dialogue en vérité entre les communautés. Lesquels espaces serviraient des lieux de promotion d’un processus de résolution des différends sans recourir à la violence, mais aussi d’imagination interne des processus communautaires d’intégration des acteurs des groupes armés pour une culture de paix réussi. Ces espaces serviraient également des lieux d’échanges en humanité pouvant servir de base d’appui au processus de vérité et réconciliation tant souhaité par les représentants de la communauté présent dans l’activité.

La grande partie des participants dans l’assise ont estimés qu’avec autant d’années de violences et des conflits intercommunautaires sanglants que cette région venait de parcourir, l’heure serait en fin à l’essai d’autres choses pour oser vivre ensemble en harmonie. La guerre ne choisit pas la tribu, tout le monde nous y périssons. Soit nous acceptons de périr ensemble bêtement, soit nous nous décidons enfin de construire ensemble une autre voie d’avenir sans la violence. Une voie plus sereine, plus conviviale, plus pacifique a estimé Mme FiFi Bunyere activiste des droits humains, femmes leaders actives sur la question de la paix dans la société civile du territoire de Masisi. L’activité s’est clôturée par un partage de nourriture en signe de communion entre les acteurs présents venus de différentes communautés ethniques de deux territoires Rutshuru et Masisi.

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